Haydn, Symphonie n°104 en ré majeur
Beethoven, Symphonie n°3 en mi bémol majeur, op. 55
Orchestre de Paris,
Thomas Hengelbrock, direction
Il est bien des variations d’angles, aujourd’hui, dans l’abord stylistique de la symphonie classique. Il y a bien sûr les divers degrés d’épuration d’un parti-pris, ou au contraire de recherche d’amalgame, de synthèse de différentes orientations. Mais il y a aussi les multiples combinaisons possibles entre chefs, orchestres et esthétiques retenues : baguette venue du baroque convertissant leur ensemble d’instruments d’époque au XIXe, ou la même prenant en main un orchestre traditionnel ; dans ce dernier cas, subdivision entre ceux transposant au maximum leurs articulations et leur son aux instruments modernes, et ceux laissant s’exprimer l’identité sonore des phalanges, n’important de leur style que l’esprit et l’accent. Et ainsi de suite. Il y a donc aussi les chefs d’extraction romantique, comme Järvi et Hengelbrock, qui opèrent leurs propres synthèses, tantôt avec des ensembles dédiés (le Balthasar-Neumann Ensemble, et la Kammerphilharmonie Bremen pour les deux), tantôt avec des formations généralistes (à Hambourg, Francfort, et donc Paris pour les deux). La proximité s’arrête à peu près là, car le type de continuité, de cohérence esthétique recherchées par les deux chefs sont dissemblables et ont leurs marqueurs propres.
La personnalité musicale du maître de l’Elbphilharmonie embrasse large, dans le répertoire, et dans la générosité souvent roborative avec laquelle les partitions sont croquées. Une dimension importante de sa conception du style classique semble être la prise en compte du caractère populaire, dans l’accent interprétatif et dans le son d’orchestre. Sa grande culture en la matière fait saillir le trait vivace de l’écriture classique et du premier romantisme dans une rudesse qui diffère des standards d’inspiration baroque. Dans ses Haydn et Beethoven (le cas mozartien est plus compliqué), l’allègement des textures et le goût du rebond sont conservés, mais le souci de certains phrasés longs, et d’une certaine noirceur sonore signale une permanence de la tradition. Hengelbrock fait jouer un classicisme germanique de terroir, avant de le faire viennois. La démarche est particulièrement adéquate, sur le papier au moins, dans Haydn : peut-être plus dans les symphonies parisiennes ou dites Sturm und Drang, ou bien sûr dans les oratorios, que dans les londoniennes, auxquelles il manque souvent, dans les grands allegros initiaux au moins, une forme d’élégance et de lustre qui tient directement à la générosité de l’effectif et au vibrato moderne. Mais s’il tient sans doute d’Harnoncourt - qui a eu une influence décisive sur lui -, le geste d’Hengelbrock est moins austère et vise, dans le premier mouvement notamment, à préserver l’élégance, la cursivité des voix sopranes.
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Beethoven, Symphonie n°3 en mi bémol majeur, op. 55
Orchestre de Paris,
Thomas Hengelbrock, direction
Il est bien des variations d’angles, aujourd’hui, dans l’abord stylistique de la symphonie classique. Il y a bien sûr les divers degrés d’épuration d’un parti-pris, ou au contraire de recherche d’amalgame, de synthèse de différentes orientations. Mais il y a aussi les multiples combinaisons possibles entre chefs, orchestres et esthétiques retenues : baguette venue du baroque convertissant leur ensemble d’instruments d’époque au XIXe, ou la même prenant en main un orchestre traditionnel ; dans ce dernier cas, subdivision entre ceux transposant au maximum leurs articulations et leur son aux instruments modernes, et ceux laissant s’exprimer l’identité sonore des phalanges, n’important de leur style que l’esprit et l’accent. Et ainsi de suite. Il y a donc aussi les chefs d’extraction romantique, comme Järvi et Hengelbrock, qui opèrent leurs propres synthèses, tantôt avec des ensembles dédiés (le Balthasar-Neumann Ensemble, et la Kammerphilharmonie Bremen pour les deux), tantôt avec des formations généralistes (à Hambourg, Francfort, et donc Paris pour les deux). La proximité s’arrête à peu près là, car le type de continuité, de cohérence esthétique recherchées par les deux chefs sont dissemblables et ont leurs marqueurs propres.
La personnalité musicale du maître de l’Elbphilharmonie embrasse large, dans le répertoire, et dans la générosité souvent roborative avec laquelle les partitions sont croquées. Une dimension importante de sa conception du style classique semble être la prise en compte du caractère populaire, dans l’accent interprétatif et dans le son d’orchestre. Sa grande culture en la matière fait saillir le trait vivace de l’écriture classique et du premier romantisme dans une rudesse qui diffère des standards d’inspiration baroque. Dans ses Haydn et Beethoven (le cas mozartien est plus compliqué), l’allègement des textures et le goût du rebond sont conservés, mais le souci de certains phrasés longs, et d’une certaine noirceur sonore signale une permanence de la tradition. Hengelbrock fait jouer un classicisme germanique de terroir, avant de le faire viennois. La démarche est particulièrement adéquate, sur le papier au moins, dans Haydn : peut-être plus dans les symphonies parisiennes ou dites Sturm und Drang, ou bien sûr dans les oratorios, que dans les londoniennes, auxquelles il manque souvent, dans les grands allegros initiaux au moins, une forme d’élégance et de lustre qui tient directement à la générosité de l’effectif et au vibrato moderne. Mais s’il tient sans doute d’Harnoncourt - qui a eu une influence décisive sur lui -, le geste d’Hengelbrock est moins austère et vise, dans le premier mouvement notamment, à préserver l’élégance, la cursivité des voix sopranes.
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