... un mythe de Sisyphe moderne, en définitive.
La perle journalistique de l'année, hors journalisme musical bien sûr, nous vient du Monde. Plus exactement, du service "culture" du Monde, bien sûr, culture et journalisme étant en quelque sorte les deux jambes d'un guerrier conceptuel très difficile à abattre.
L'abus de Wagner peut entrainer des dérapages, donc.
Nous sommes en 2011, et non seulement pour l'équipe des cultureux du "quotidien de référence" (qui ne signent pas leurs méfaits, un peu comme, disons, des commentateurs de blog) Wagner est toujours responsable du nazisme, mais il est aussi responsable des scandales post-modernes à deux sous qui se jouent pour amuser la galerie d'un temple de la sous-civilisation artistique contemporaine (le cinéma de masse, icône de l'art-divertissant).
Ces gens là connaissent-ils une partition de Wagner ? Non.
Ces gens-là ont-ils déjà réfléchi sur la destinée de l'art allemand d'avant Wagner jusqu'à Hitler ? Bien sûr que non !
Ont-ils lu pour cela les pensées in situ de la crise de cette destinée tragique aux premiers signes d'avènement du IIIe Reich ? Certainement pas.
Ont-ils tenté de comprendre la relation des derniers créateurs et penseurs de valeur allemands et autrichiens (des juifs, presque tous) à cette crise là, de suivre chez eux les méandres du rapport au wagnerisme comme à l'antisémitisme ? Voudrait-on que leurs petites cervelles explosent de confusion que l'on ne s'y prendrait pas autrement. Autant demander à leurs collègues chroniqueurs politiques de réfléchir à la nation française et, en vis-à-vis, au sens du projet identitaire européen (dans sa filiation national-socialiste, par exemple).
Pour tout cela à la fois, il aurait fallu qu'ils lisent Adorno mais aussi et surtout Schoenberg sur Wagner et la tradition germanique, ce qui suppose une certaine volonté de s'instruire sur l'art, et non pas sur la culture : peine perdue d'avance. Il aurait fallu qu'ils lisent Karl Kraus en sus, évidemment. Impossible, sinon ils ne seraient pas journalistes.
Réponse par avance à ceux qui auront tôt fait de lire là une défense de la diatribe de Lars Von Trier : Lars Von Trier s'est disqualifié bien avant cette conférence de presse. Il s'est disqualifié en tombant de la vulgate cinématographique prétentieuse qui plait à la critique culturelle, en plaquant de la musica d'arte (de Wagner, en l'espèce) sur son dernier film, ce qui le rabaisse définitivement au niveau d'un vulgaire Stanley Kubrick (et pourtant, que j'avais aimé Dogville : c'est même le dernier film que j'ai trouvé digne d'un début d'attention).
Ses propos n'ont donc aucun intérêt, de toute façon, et il faut être journaliste pour y prêter attention, et encore plus gloser à partir de là. Ne pas avoir d'idée et savoir les exprimer, n'est-ce pas.
Nous sommes en 2011, et non seulement pour l'équipe des cultureux du "quotidien de référence" (qui ne signent pas leurs méfaits, un peu comme, disons, des commentateurs de blog) Wagner est toujours responsable du nazisme, mais il est aussi responsable des scandales post-modernes à deux sous qui se jouent pour amuser la galerie d'un temple de la sous-civilisation artistique contemporaine (le cinéma de masse, icône de l'art-divertissant).
Ces gens là connaissent-ils une partition de Wagner ? Non.
Ces gens-là ont-ils déjà réfléchi sur la destinée de l'art allemand d'avant Wagner jusqu'à Hitler ? Bien sûr que non !
Ont-ils lu pour cela les pensées in situ de la crise de cette destinée tragique aux premiers signes d'avènement du IIIe Reich ? Certainement pas.
Ont-ils tenté de comprendre la relation des derniers créateurs et penseurs de valeur allemands et autrichiens (des juifs, presque tous) à cette crise là, de suivre chez eux les méandres du rapport au wagnerisme comme à l'antisémitisme ? Voudrait-on que leurs petites cervelles explosent de confusion que l'on ne s'y prendrait pas autrement. Autant demander à leurs collègues chroniqueurs politiques de réfléchir à la nation française et, en vis-à-vis, au sens du projet identitaire européen (dans sa filiation national-socialiste, par exemple).
Pour tout cela à la fois, il aurait fallu qu'ils lisent Adorno mais aussi et surtout Schoenberg sur Wagner et la tradition germanique, ce qui suppose une certaine volonté de s'instruire sur l'art, et non pas sur la culture : peine perdue d'avance. Il aurait fallu qu'ils lisent Karl Kraus en sus, évidemment. Impossible, sinon ils ne seraient pas journalistes.
Réponse par avance à ceux qui auront tôt fait de lire là une défense de la diatribe de Lars Von Trier : Lars Von Trier s'est disqualifié bien avant cette conférence de presse. Il s'est disqualifié en tombant de la vulgate cinématographique prétentieuse qui plait à la critique culturelle, en plaquant de la musica d'arte (de Wagner, en l'espèce) sur son dernier film, ce qui le rabaisse définitivement au niveau d'un vulgaire Stanley Kubrick (et pourtant, que j'avais aimé Dogville : c'est même le dernier film que j'ai trouvé digne d'un début d'attention).
Ses propos n'ont donc aucun intérêt, de toute façon, et il faut être journaliste pour y prêter attention, et encore plus gloser à partir de là. Ne pas avoir d'idée et savoir les exprimer, n'est-ce pas.
Théo Bélaud - Florian Forestier - Vincent Haegele - Philippe Houbert
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